III

 

APERÇUS DU TRAVAIL DE LA MÈRE À L'ÉCOLE

 

(1)

 

LE FRANÇAIS À L'ASHRAM ET À L'ÉCOLE

 

(Deux ou trois professeurs discutent des langues dans lesquelles on enseigne à l'école. La discussion est soumise à la Mère, avec cette remarque: "Sri Aurobindo dit, dans son livre sur l'éducation, que l'enseignement devrait être donné à l'enfant dans sa langue maternelle.")

 

Sri Aurobindo a dit cela, mais il a dit aussi beaucoup d'autres choses qui complètent son conseil et annulent toute possibilité de dogmatisme. Sri Aurobindo lui-même a maintes fois répété que si l'on affirme une chose, il faut être capable d'affirmer le contraire, autrement on ne peut pas comprendre la Vérité.

 

(Dans la même lettre, l'un des professeurs se demande quel est l'avenir du français à l'Ashram.)

 

On continuera à enseigner le français à l'Ashram, en tout cas tant que j'y suis présente, parce que Sri Aurobindo, qui aimait beaucoup le français et le savait fort bien, considérait que c'était une partie essentielle de la connaissance des langues.

23 août 1965

 

(Au cours d'une conversation à propos du français, un disciple fait remarquer à la Mère que maintenant, beaucoup de Français, surtout des nouveaux venus, parlent en anglais, même à des personnes qui savent parfaitement le français. La Mère se concentre un moment et dit: "Tant pis pour eux." Le disciple demande alors s'il serait utile qu'elle donne un message à ce sujet.  

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Elle écrit de sa main le message ci-dessous, et conseille qu'il soit affiché à l'Ashram, à l'école, et qu'un exemplaire soit mis dans la salle de la bibliothèque Choisie. Des photocopies ont été faites à cet effet.)

 

Sri Aurobindo aimait beaucoup le français. D disait que c'était une langue claire et précise, dont l'usage encourageait la clarté d'esprit. Au point de vue du développement de la conscience, c'est précieux. En français, on peut dire exactement ce que l'on veut dire.

Bénédictions.

19 octobre 1971

 

(2)

 

L'ORGANISATION DU TRAVAIL DANS LES

CLASSES DE FRANÇAIS

 

(Un groupe de professeurs envisagent de réorganiser certaines classes. L'un d'eux demande à la Mère si elle a une objection.}

 

Aucune objection, ce sont des choses que vous devez librement arranger entre vous.

Janvier 1961

 

(Deux professeurs ont eu une discussion assez chaude à l'occasion du travail. L'un d'eux expose le problème à la Mère et lui demande son opinion. La Mère répond :)

 

À dire vrai, je n'ai pas d'opinion. Selon une vision de vérité, tout est encore terriblement mélangé, une combinaison plus ou moins heureuse de lumière et d'obscurité, de vérité et de mensonge, de connaissance et d'ignorance, et tant que les décisions seront prises et que l'action sera faite suivant des opinions,  

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il en sera toujours ainsi.

Nous voulons donner l'exemple d'une action faite en accord avec une vision de vérité, mais malheureusement nous sommes encore fort loin de réaliser cet idéal; et la vision de vérité, même si elle s'exprime, se trouve immédiatement déformée dans l'exécution.

Ainsi, dans l'état actuel des choses, il est impossible de dire : "Ceci est vrai et ceci est faux, ceci nous éloigne du but, ceci nous rapproche du but."

Tout peut être utilisé en vue du progrès à faire ; tout peut être utile si on sait l'utiliser.

La chose importante est de ne jamais perdre de vue l'idéal que l'on veut réaliser et de se servir de toutes les circonstances dans ce but.

Et, en fin de compte, il est toujours préférable de ne pas prendre de décision pour ou contre les choses et de regarder les événements se dérouler, avec l'impartialité du témoin, s'en remettant à la Sagesse divine qui, Elle, décidera pour le mieux et fera le nécessaire.

Juillet 1961

 

(Un professeur a communiqué à quelques collègues une réponse personnelle de la Mère sur des questions de travail. Regrettant cette indiscrétion, il en parle aussi-tôt à la Mère.)

 

Il n'y a pas de mal à avoir dit ce que tu as dit ; parce que, vois-tu, à chacun je puis dire, en toute sincérité, que "je suis d'accord". En effet, c'est une chose que vous avez quelque difficulté à comprendre, car le mental ne peut guère l'approuver. Mais derrière le point de vue de chacun il y a un aspect, parfois un tout petit aspect de la vérité, et je suis toujours d'accord avec cet aspect ; à condition, bien entendu, qu'il ne se veuille pas exclusif en essayant d'éliminer les autres.  

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Et je suis à la recherche d'un moyen dans l'action, pour que tous les aspects puissent être exprimés, chacun à sa place, sans se nuire les uns aux autres. Le jour où j'aurai trouvé ce moyen, je me mettrai à réorganiser l'école. En attendant, vous pouvez toujours remuer des idées ; c'est salutaire, à condition de n'être ni dogmatique, ni exclusif, ni agressif, et de ne jamais se disputer.

Août 1961

 

(3)

 

L'ENSEIGNEMENT DU

FRANÇAIS AUX PROFESSEURS INDIENS

ENSEIGNANT EN FRANÇAIS

 

RECHERCHE D'UN LIVRE D'ÉTUDE

 

(Il s'agissait de choisir un texte d'étude pour un jeune professeur indien qui voulait améliorer son français. Le professeur français avait demandé à la Mère son avis sur La Peste, d'Albert Camus.)

 

Certaines lectures peuvent être bonnes pour les Européens qui ont l'enveloppe assez coriace, afin d'éveiller en eux un sentiment de vraie compassion ; mais ici, dans l'Inde, ce n'est pas nécessaire ; et il n'est pas bon d'assombrir l'image d'une vie qui est déjà assez sombre en elle-même.

 

(La Mère indique Recherche d'une église, de Jules Romains, et envoie son propre exemplaire au professeur français pour que celui-ci en prenne connaissance. Le professeur est "choqué" par certains chapitres du livre, et fait part de son sentiment à la Mère, en termes assez vifs. La Mère répond :)

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Recherche d'une église, était le livre de mon choix. Jules Romains est un grand écrivain et son français est de première classe. Si j'avais parlé de coupures¹, c'est parce que certains passages ne sont pas tout à fait appropriés pour un cerveau de jeune fille. Mais il était facile de faire ces coupures, et le reste est très bien.

 

(Le professeur français continue sa recherche de textes et propose : La France d'aujourd'hui, de Marc Blanc-pain.)

 

Je viens de regarder le livre, avec intérêt. Cette fois, c'est très bien.

Mai 1960

 

RECHERCHE D'UN PROGRAMME DE TRAVAIL

 

(Un professeur français ébauche un projet d'étude de l'histoire des civilisations, pour un de ses élèves, jeune professeur indien, et soumet ce projet à la Mère.)

 

Le travail peut, en effet, être intéressant, mais seulement s'il était basé sur Le Cycle Humain, de Sri Aurobindo (il a paru dans le Bulletin). Car, dans ce livre, non seulement tous les problèmes de l'évolution humaine sont posés, mais aussi résolus. Chaque fois que Sri Aurobindo mentionne une civilisation ou un pays, les faits historiques correspondants pourraient être étudiés, et cela constituerait un travail vraiment intéressant.

Septembre 1960

 

Dans une classe de français pour des professeurs indiens,

 

¹La Mère avait écrit dans une lettre précédente : "Avec certaines coupures aussi, certains livres de Jules Romains seraient bons. Spécialement Recherche d'une église."  

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plusieurs voudraient lire des œuvres d'auteurs contemporains, parce que la langue en est plus actuelle que celle des œuvres classiques. Quel est l'avis de la Mère ?

 

Ce que je connais des auteurs modernes m'a enlevé toute envie d'en lire davantage.

Pourquoi entrer volontairement dans le marécage ; que peut-on y gagner ? La connaissance que le monde d'Occident se vautre dans la boue ? Ce n'est guère nécessaire. Des morceaux choisis, et bien choisis, semblent être la solution.

Mai 1963

 

(À propos d'un jeune professeur qui devait apprendre le français d'une manière intensive pour pouvoir enseigner en français, et en même temps assurer un programme assez chargé à l'école.)

 

Je suis tout à fait d'accord. X doit avoir le temps d'apprendre le français à fond ; et ses heures de travail et d'enseignement doivent être organisées de telle sorte qu'elle ait le temps de continuer ses leçons avec toi, jusqu'au moment où elle sentira que ces leçons ne sont plus nécessaires.

Septembre 1966

 

(4)

 

L'ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS AUX

ÉLÈVES

 

Comment améliorer l'orthographe des élèves ?

 

Généralement, pour l'orthographe, il faut prendre l'aide des yeux. Chaque mot doit avoir sa forme à lui, dont l'œil se souvient;  

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la mémoire visuelle est plus utile que la mémoire mentale. Beaucoup lire. Voir, voir, voir, au tableau, dans les livres, sur les images.

Pour le style, le genre, la grammaire aussi, le meilleur est de lire, beaucoup lire. Ainsi, tout cela entre dans le subconscient. C'est la meilleure manière d'apprendre.

Janvier 1962

 

À PROPOS DES TESTS

 

Les "tests" peuvent être utiles pour donner la valeur scolaire d'un enfant, mais pas sa valeur réelle.

Pour la valeur réelle de l'enfant, quelque chose est à trouver, mais ce sera pour plus tard, et d'une autre nature.

Je n'oppose pas la valeur réelle à la valeur scolaire ; elles peuvent être ensemble dans le même individu, mais c'est un phénomène assez rare et qui produit des types exceptionnels.

1962

 

(Commentaire de la Mère, en marge d'une lettre d'un professeur à propos du français à l'école. Les élèves travaillaient avec des fiches :)

Une des raisons pour lesquelles les enfants ne progressent pas en français, c'est que les professeurs ne les corrigent pas.

 

Très vrai.

 

Le travail de fiches ne sera efficace que si les corrections sont rigoureuses.

 

Très vrai.

 

]'ai commencé à préparer les corrigés de tous les devoirs, à l'intention des professeurs et des élèves.  

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Très bien.

 

Il faudrait au moins que les professeurs lisent une fois ces corrigés...

 

Certainement plus d'une fois.

 

... afin d'être mis en éveil sur leurs propres fautes.

 

Oui, ils en ont grand besoin.

 

Il serait bon que l'enfant ait en main ce corrigé, pour confronter avec lui son travail.

 

Oui, c'est très utile.

 

Se contenter de souligner les fautes, cela n'apprend rien aux enfants.

 

C'est vrai.

 

Je crains bien que les corrigés que je fais à l'intention des professeurs ne restent pieusement dans un tiroir.

 

Horreur !

 

S'il en est ainsi, à la fin de l'année, les enfants auront fait une masse considérable de travail, qui n'aura servi à rien.

 

Exact. Ce sont presque tous les professeurs, à peu d'exceptions près, qui sont paresseux, plus que les élèves.

 

Je croîs que je t'embête avec ce français.

 

Non, tu ne m'embêtes pas, tu as raison,

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Il me semble qu'il y a tant de bonne volonté perdue. La bonne volonté des enfants est perdue parce que, bien que l'atmosphère des classes soit bonne, le travail est peu efficace, et le travail nécessaire n'est pas fait.  

Décembre 1962

 

(5)

 

LA BIBLIOTHÈQUE CHOISIE*

 

(Un professeur s'aperçoit que la bibliothèque Choisie contient une assez forte proportion d'ouvrages qui ne devraient pas y figurer, si elle doit mériter son nom. Il en parle à la Mère au cours de plusieurs entrevues, et voici les conseils qu'elle a donnés pour la composition de la bibliothèque Choisie¹ :)

Enlever tous les romans modernes.

Mettre seulement des ouvrages d'érudition, de philosophie, d'art, de sciences.

Le mieux serait d'apporter la liste des livres petit à petit pour que la Mère sache le contenu des livres.

C'est une question importante.

 

(Le professeur demande à la Mère ce qu'elle entendait par "ouvrages d'érudition". Elle répond :) .

 

Tous les livres qui ont pour but d'enseigner.

Le but de la Bibliothèque Choisie est d'enseigner aux élèves le bon français, et la pensée française dans ce qu'elle a de meilleur.

 

*Bibliothèque multilingue, plus spécialement réservée aux élèves du Centre d'Éducation.

¹C'est une note écrite pendant que la Mère parlait. Cette note a été aussitôt lue à la Mère, qui a écrit : "Approuvé", et qui a signéi  

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Elle doit comprendre surtout des ouvrages d'érudition, c'est-à-dire qui ont pour but d'enseigner : livres de philosophie, d'art, de sciences, etc.

Il doit y avoir très peu de romans (les élèves ne lisent que trop de romans), et pas de romans modernes, à moins qu'ils ne soient d'une qualité particulièrement bonne.

La littérature a sa place à la Bibliothèque Choisie, pour que les élèves puissent apprendre ce que c'est que la littérature.

La chose la plus importante à considérer dans le choix des livres, c'est la qualité de la langue et du style¹, quelque chose de "splendide" comme chez Flaubert. Pas de traductions, ou très peu, et seulement s'il s'agit d'œuvres fameuses ; on ne peut pas dire de "chefs-d'œuvre", parce qu'il y en a si peu² !

 

(À propos des mauvais livres à retirer de la Bibliothèque Choisie, Mère a dit :)

 

Il faut les mettre dans un endroit spécial, une pièce spéciale appelée "Mauvais livres", pour que ceux qui veulent étudier ce que contiennent ces livres puissent le faire.

Il faut faire très attention quand on commande des livres.

La question de la Bibliothèque Choisie est une question importante.

 

MESSAGE POUR LA BIBLIOTHÈQUE CHOISIE

 

La Bibliothèque Choisie a pour mission d'apprendre bien le français.

1. Les livres doivent être bien écrits.

 

¹À la lecture de cette phrase, la Mère a particulièrement approuvé.

²Note rédigée à la suite d'un entretien de la Mère avec le même professeur. Cette note a été lue à la Mère, qui a écrit : "Approuvé", et qui a signé.  

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2. Il faut donner la préférence à ceux qui sont intéressants d'un point de vue instructif.

3. N'admettre les romans que si vraiment ils sont écrits d'une façon remarquable.

4. Très peu de traductions ; les limiter à ceux des livres qui sont fameux.

5. Envoyer tout le reste à la Grande Bibliothèque avec la mention "Peu recommandable"¹.

1971

 

(Le professeur lit à la Mère une lettre qu'il lui a écrite, et où il dit, entre autres : "Je croîs qu'il est possible de renouveler, en grande partie, le contenu de la bibliothèque Choisie, et d'en relever un peu le niveau. Veux-Tu me dire si Tu approuves cette idée et si je puis essayer de la réaliser?" La Mère répond oralement, avec force :)

 

Pleinement, j'approuve pleinement. C'est indispensable. Nous sommes descendus à un tel niveau ! pour tout ! Ah ! Je suis pleinement d'accord !

1972

 

(6)

 

ACTION DE LA MÈRE DANS UNE CLASSE

D'ENFANTS DE DIX À DOUZE ANS

 

Comment enseigner le français aux jeunes enfants ?

 

Le mieux serait de leur raconter une histoire en employant des mots et des tournures de phrases très simples, pour qu'ils puissent comprendre (une petite histoire courte et intéressante ou amusante), et leur demander ensuite de rédiger en classe ce qu'ils ont entendu.

 

¹Ce message a été dicté par la Mère, puis vérifié par elle et signé.

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Oui, mais les enfants font beaucoup de bruit.

 

Un minimum de silence est nécessaire. Je sais que les enfants les plus indisciplinés sont généralement les plus intelligents. Mais pour être matés, ils doivent sentir la pression d'une intelligence plus puissante que la leur. Et pour cela, il faut savoir ne pas descendre à leur niveau, et surtout ne pas être affecté par ce qu'ils font. En fait, c'est un problème yoguique.

 

Le calme, chez le professeur, peut-il donner la solution de tous les problèmes ?

 

Oui, mais pour cela, le calme doit être parfait dans toutes les parties de l'être, afin que le pouvoir s'exprime à travers lui.

 

(Les cahiers des enfants avaient été envoyés à la Mère pour son appréciation.)

 

J'ai mis des notes sur les cahiers des enfants sans faire de classification. Est-elle très nécessaire, cette classification ? Chacun a des mérites différents, et il est difficile de les classer entre eux.

Juin-juillet 1960

 

(Extrait d'une lettre du professeur :) J'ai confiance en Toi, et j'ai confiance en les enfants à cause de Toi; en ce qui me concerne, je ne sais rien et je ne veux rien, sauf ce que Toi Tu veux pour nous. Daigne seulement me montrer pas à pas ce qu'il faut faire et comment il faut répondre. Conduis-nous, et puissions-nous Te suivre silencieusement, dans la profondeur de notre cœur, quels que soient les résultats extérieurs. 

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 Que seulement les enfants se développent et s'épanouissent dans Ta Paix et Ton Amour, et que nous vivions tous ensemble pour Toi.

 

Le rapport qui s'est réellement établi entre la classe, toi, les enfants, et moi, est certainement la chose la plus importante et qu'il faut conserver à tout prix. Mais il dépend beaucoup plus d'une attitude intérieure que d'un cadre ou d'une organisation matérielle. En fait, cette même attitude devrait être présente dans toute l'École, toutes les classes, chez tous les professeurs et tous les élèves. C'est cela qu'il faut obtenir et vers quoi on doit s'efforcer.

 

(Il y a dans la classe une amélioration considérable. Le professeur écrit :) Tout cela, qui a si totalement changé, est le résultat de Ton travail en nous, n'est-ce pas ?

 

Oui, certainement.

 

(Le professeur demande si, à cause de l'expérience en cours avec la Mère, il ne vaudrait pas mieux garder ces mêmes enfants l'année suivante, plutôt que de changer de classe.)

 

Une expérience doit être assez souple et plastique pour pouvoir s'appliquer et s'adapter à tous les enfants, avec les changements de détail que leurs divers caractères peuvent rendre nécessaires. Ainsi, tu peux être assurée que l'expérience continuera. Seuls, les enfants ne seront peut-être pas les mêmes.

 

(Le professeur a organisé avec les enfants des groupes de travail. Les résultats sont inégaux et la classe est bruyante, faut-il continuer ?)

 

Il faut les laisser continuer l'expérience. Peu à peu cela s'organisera, et les résultats seront meilleurs.  

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(Après une excellente période, le travail avec les enfants devient plus difficile.)

 

Le relâchement est sans doute dû à l'approche des vacances.

Octobre 1960

 

(7)

 

ACTION DE LA MÈRE DANS UNE CLASSE

D'ENFANTS DE SEPT À NEUF ANS

 

(La Mère donne à la classe le nom d'Arbre Ensoleillé, d'après les idées exprimées par les enfants eux-mêmes. Elle explique :)

 

L'arbre, c'est la vie qui aspire et qui croît. Le soleil, c'est la lumière de la Vérité.

Ce n'est pas la froide lumière de la raison qui aide la vie à croître et à s'épanouir ; c'est la chaude et vivifiante lumière de la Vérité ; c'est le soleil, quand il déverse ses rayons joyeux sur le monde.

 

(Le professeur introduit des activités telles que bricolage, jardinage, création d'un zoo en carton, observation d'une chrysalide, etc. Les enfants apprécient ces activités, mais acceptent difficilement de faire, à partir de là, un travail plus "scolaire".)

 

Un bon commencement. Cela évoluera tout naturellement vers des activités plus intellectuelles et, en attendant, chaque travail fait avec soin est une occasion d'apprendre quelque chose.

 

(Réponse à des questions d'ordre pratique.)

 

1. Il est préférable de ne pas enfermer les enfants dans la classe, même pour jouer.

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2. Un moment de silence et de concentration est toujours bon pour tous les enfants. Mais la prière ne doit pas être obligatoire. Ceux qui veulent la faire seront encouragés. Je propose que dans la classe on mette une pancarte sur laquelle seront écrits en grosses lettres ces mots :

"Mère est toujours ici, parmi nous, pour nous aider et nous guider."

La plupart des enfants comprendront, et certains sont capables de sentir.

Décembre 1960

 

(Le professeur trouve les enfants turbulents, plutôt paresseux, et bavards comme des perroquets. Il demande :) S'il en est ainsi, est-ce parce que leur intérêt réel n'est pas tourné vers l'étude?

 

Oui.

 

Que faut-il faire pour avoir le calme et la tranquillité dans la classe et obtenir que les enfants travaillent ?

 

La seule chose efficace est de créer ou d'éveiller en eux un intérêt réel pour l'étude, le besoin d'apprendre et de savoir, éveiller leur curiosité mentale.

 

(Le professeur se plaint du manque de résultats.)

 

Ce n'est qu'après des mois, et même des années, d'un effort assidu, régulier et obstiné qu'on peut dire à juste titre (et encore ! ) qu'il a été inutile et infructueux.

 

Comment faire ?

 

Contraindre n'est pas le meilleur ni le plus efficace principe d'éducation.  

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La vraie éducation doit épanouir et révéler ce qui est déjà présent dans les êtres en formation. De même que les fleurs s'épanouissent au soleil, les enfants s'épanouissent dans la joie. Il va sans dire que joie ne signifie pas faiblesse, désordre et confusion. Mais une bienveillance lumineuse, qui encourage ce qui est bien et n'insiste pas sévèrement sur ce qui est mauvais.

La Grâce est toujours plus proche de la Vérité que la justice.

 

Comment faire pour que la Mère puisse agir dans la classe ?

 

Il n'y a rien, aucune méthode, aucun procédé, qui soit mauvais en soi ; tout dépend de l'esprit dans lequel c'est fait.

Si tu veux mon aide, ce n'est pas en acceptant ce principe d'action et en rejetant celui-là que tu peux l'avoir. C'est en te concentrant avant la classe, en faisant le silence et la paix dans ton cœur (et ta tête aussi, si possible), et en appelant ma présence avec une aspiration sincère que je sois derrière toutes tes actions, non pas à la manière dont tu penses que j'agirais (car cela ne peut être qu'une opinion arbitraire et nécessairement fausse), mais dans le silence et le calme et la spontanéité intérieure. Voilà la seule façon véritable de sortir de ta difficulté.

Et en attendant que tu puisses réaliser cela, fais de ton mieux avec calme et persévérance, selon tes capacités propres et les circonstances, avec simplicité et sans te tourmenter.

La Grâce est toujours présente avec celui qui veut bien faire.

 

Qu'est-ce que la Mère appelle "persévérer", en ce qui concerne le travail avec les enfants ?

 

Ce que je voulais dire sur le cahier, c'est qu'il est toujours préférable de continuer tranquillement ce que l'on fait, jusqu'à ce qu'un changement psychologique intérieur amène sans heurt le changement extérieur. C'est cela que j'appelle persévérer.

Janvier 1961

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Le travail et la discipline se relâchent. Est-ce à cause d'une "grève du vital" chez le professeur?

 

Certainement. C'est le fléchissement du pouvoir provenant de la non-collaboration du vital qui est la cause du relâchement. Les enfants ne vivent pas suffisamment dans le mental pour obéir spontanément à une volonté mentale qui n'est pas soutenue par un pouvoir vital, dont la présence seule les influence, sans qu'il soit nécessaire d'aucune manifestation extérieure. Quand le vital collabore, ma force agit à travers lui et maintient automatiquement l'ordre, par sa seule présence dans le vital.

Les jeunes enfants sont peu sensibles à une puissance mentale pas revêtue de puissance vitale. Et pour avoir une puissance vitale, il faut être toi-même parfaitement calme.

 

(Le professeur propose d'établir avec les enfants un projet d'études sur les sujets qui les intéressent.)

 

Oui, c'est une bonne idée. Une atmosphère de collaboration amicale est toujours la meilleure.

Février 1961

 

Une période difficile commence. Quelle serait la vraie attitude, pour le professeur ?

 

Seule l'inspiration psychique est vraie. Tout ce qui vient du vital et du mental est nécessairement mélangé d'égoïsme, et arbitraire. Il ne faut pas agir par réaction aux contacts extérieurs, mais dans une vision d'amour et de bonne volonté immuable. Tout le reste est un mélange qui ne peut que donner des résultats confus et mélangés, et perpétuer le désordre.

 

(Extrait d'une lettre du professeur :) Il me semble que ce sont seulement des impulsions mentales qui me font agir, et qu'elles tombent à faux.  

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C'est pourquoi, bien que j'intervienne peu, je sens que c'est encore trop, parce que ce n'est pas la vraie chose. Et je crois avoir compris de Toi que le vrai calme est beaucoup plus efficace que toute intervention extérieure.

Il me semble également que, si je fais là une expérience, il en est peut-être de même pour les enfants, et qu'en fait, cette expérience, nous la faisons ensemble, embarqués sur le même bateau; le Divin seul en connaît la signification et l'issue¹.

 

Le problème a plus de portée qu'il ne semble à première vue. C'est, en effet, une rébellion des forces vitales des enfants contre toute discipline et toute contrainte. La méthode normale ordinaire aurait été de renvoyer de l'école tous les indisciplinés, et de garder seulement ceux qui sont "sages". Mais cela est une défaite et un appauvrissement.

Si par la transmission, dans le calme absolu, de la puissance intérieure, on peut finalement maîtriser cette rébellion, cela devient une conversion et un véritable enrichissement. C'est ce que je veux essayer, et j'espère qu'il te sera possible de continuer à collaborer à mon action. Et maintenant que tu as compris non seulement ce que je veux faire, mais aussi le mécanisme et le procédé de cette action, j'ai confiance que nous réussirons. Il faut s'attendre à des rechutes et ne pas en être découragée.

Les forces vitales, surtout chez les enfants dont la raison est peu développée, livrent des batailles désespérées avant d'accepter la lumière et de se laisser convertir par elle. Mais le succès final est certain, et il faut savoir durer et attendre.

 

(Le professeur prie pour avoir la lumière, l'amour, la souplesse, et tout ce qui est nécessaire pour collaborer au travail de la Mère dans la classe.) 

 

¹La Mère souligne tout ce passage et écrit dans la marge : "Ceci est correct"  

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Tout cela est constamment avec toi. Reste ouverte et laisse-le agir.

Mars 1961

 

(Le professeur envisage de faire travailler les enfants par groupes, Doit-il lui-même constituer les groupes selon les niveaux, ou laisser les enfants le faire selon leurs affinités ?)

 

Laisse les enfants se grouper selon leurs sympathies spontanées.

 

Le calme, chez le professeur, entraînerait-il nécessairement le calme dans la classe, c'est-à-dire "une atmosphère tranquille, où chacun travaillerait selon son rythme et ses capacités, sans bruit ni agitation, sans impatience ni paresse..." ?

 

Si ton calme est intégral, c'est-à-dire à la fois intérieur et extérieur, basé sur la perception de la Présence divine, et immuable, c'est-à-dire constant et invariable en toute circonstance, il sera sans aucun doute tout-puissant, et les enfants en subiront nécessairement l'influence, et la classe serait certainement ce que tu la veux, spontanément et presque automatiquement¹.

Avril 1961

 

(Le professeur pense qu'il faut développer chez les enfants le goût du travail et la joie du travail. La Mère répond :)

 

¹À partir de ce moment, le calme est revenu définitivement dans la classe.  

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Tu as tout à fait raison dans tout ce que tu dis à propos de l'école, de la classe et du travail, et j'approuve pleinement l'effort d'organisation que tu veux faire.

 

(La Mère adresse aussi ces deux messages aux enfants :)

 

Si l'on n'aime pas le travail on est toujours malheureux dans la vie.

 

Pour être vraiment heureux dans la vie, il faut aimer le travail.

Juillet 1961

 

 

QUELQUES MESSAGES DE LA MÈRE AUX

ENFANTS DE CETTE CLASSE

 

Mes chers enfants, aimez le travail et vous serez heureux. Aimez à apprendre et vous ferez des progrès.

 

(Les enfants ont établi avec leur professeur un programme pour l'année : parler en français, lire correctement, écrire le français sans faute, savoir bien compter, comprendre les problèmes, savoir faire les additions, les soustractions, les multiplications et les divisions. La Mère répond sur le cahier de la classe :)

 

Mes chers enfants, j'ai lu votre lettre et je suis d'accord qu'il serait fort bon qu'à la fin de l'année vous sachiez toutes les choses que vous énumérez ici.

Mais il y a un point sur lequel je veux attirer votre attention, car c'est le point central et le plus important, 

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 c'est votre attitude en classe et l'état d'esprit dans lequel vous allez à l'école.

Pour tirer profit de votre séjour quotidien en classe, il faut y aller avec une volonté sincère d'apprendre, d'être attentif et concentré, d'écouter ce que votre professeur vous dit, et de travailler tranquillement et sérieusement.

Si vous passez votre temps à crier, vous agiter et tout bousculer comme des enfants inconscients et mal élevés, vous perdez votre temps, vous gaspillez le temps du professeur, et vous n'apprendrez rien du tout. Et à la fin de l'année, je serai obligée de dire de vous que vous êtes de mauvais élèves et que vous ne méritez pas de passer à une classe supérieure.

Il faut venir en classe avec la volonté d'apprendre, autrement ce n'est pas la peine, car il suffit que l'un d'entre vous ne soit pas sage pour que tous les autres soient dérangés. Ainsi, c'est cette décision-là que je veux que vous preniez : celle d'être sages, tranquilles, attentifs, et de bien travailler ; c'est cela qu'il faut que vous me promettiez de faire dans ce cahier.

Et quand vous aurez écrit chacun avec toute sa bonne volonté, alors renvoyez-moi le cahier pour que je vous donne mes bénédictions.

Début 1961

 

(Les enfants ne se tiennent pas droits, et ils écrivent mal. La Mère écrit :)

 

Il n'est pas plus fatigant de se tenir droit que de se tenir de travers. Quand on se tient droit, le corps grandit harmonieusement. Quand on se tient de travers, le corps se déforme et devient laid.

Il n'est pas plus fatigant d'écrire soigneusement que de griffonner. Quand le devoir est écrit soigneusement, il est lu avec plaisir. Quand il est trop mal écrit, il ne peut même pas être lu.

Faire avec soin tout ce que l'on fait est la base de tout progrès.

1961

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Les jours passent, les semaines passent, les mois passent, les années passent, et le temps s'évanouit dans le passé. Et plus tard, quand ils sont devenus grands, ceux qui n'ont plus l'immense avantage d'être des enfants regrettent tout le temps qu'ils ont perdu, et qu'ils auraient pu utiliser à apprendre toutes les choses nécessaires pour savoir vivre.

Mars 1961

 

(8)

 

ACTION DE LA MÈRE DANS UNE CLASSE

D'ÉLÈVES DE SEIZE À DIX-HUIT ANS

 

(En 1968, à l'occasion d'une réorganisation des études à l'École, la Mère avait déclaré qu'elle était prête à répondre elle-même si des élèves désiraient lui poser des questions sur des sujets d'étude intéressants. Comme quelqu'un lui demandait de choisir un sujet, elle avait répondu : "La mort". Cette offre était faite à tous les élèves. Le travail ci-dessous représente la réponse d'une classe de français à l'offre de la Mère, qui donne oralement au professeur les indications nécessaires.

Au cours des différentes séances, les questions furent formulées personnellement par chaque élève, et groupées pour un envoi collectif à la Mère.)

 

Le sujet est : "Qu'est-ce que la mort ?"

Comment commencer ? Il faut chercher en soi-même ; regarder au-dedans ; ne pas essayer de savoir par la lecture des livres ; ne pas chercher ce qui se passe dans le vital et le mental : ce qu'on sent, ce qu'on pense à propos de la mort.

La recherche doit se situer uniquement sur le plan matériel : qu'est-ce que la mort, du point de vue physique.  

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Il faut se concentrer et trouver les réponses en soi. Ne pas faire de discours. Dire une phrase. Plus on est intelligent, moins on a besoin de mots pour s'exprimer.

27 avril 1968

 

(Réponses des élèves à la question : "Qu'est-ce que la mort, du point de vue physique ?")

"Toute circulation du sang cesse dans les cellules du cerveau. "

"Quand le cerveau cesse de fonctionner et que la décomposition du corps commence, c'est la mort. "

"La cessation de toute activité physique due à l'absence de la source d'énergie, ou âme."

"Le fait réel de la mort me suggère l'idée d'une expérience où on est lancé dans l'espace avec un élan croissant. "

(La Mère adresse sa réponse à la classe :)

 

J'ai lu votre envoi avec intérêt. Et voici ma réponse :

La mort est le phénomène de décentralisation et de dispersion des cellules qui constituent le corps physique.

La conscience est, par sa nature même, immortelle, et pour se manifester dans le monde physique, elle se revêt de formes matérielles plus ou moins durables.

La substance matérielle est en voie de transformation pour devenir un mode d'expression multiforme de plus en plus perfectionné et durable pour cette conscience.

18 mai 1968

 

(Cette fois, la Mère a répondu séparément à chaque question, et adressé sa réponse au professeur :)

 

Voici mes réponses aux questions de tes élèves. J'espère qu'ils pourront comprendre.

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Si une cellule devient consciente de sa personnalité, elle risque d'agir uniquement dans son propre intérêt, sans tenir compte de l'intérêt collectif?

 

Quel est l'intérêt d'une cellule !

 

 

Est-ce que la décentralisation se fait tout d'un coup ou par degrés ?

 

Tout ne se disperse pas d'un coup ; cela prend longtemps.

La volonté centrale de l'être physique abdique sa volonté de tenir toutes les cellules ensemble. C'est le premier phénomène. Elle accepte la dissolution pour une raison ou une autre. L'une des raisons les plus fortes, c'est le sens d'une désharmonie irréparable ; l'autre, c'est une sorte de dégoût de continuer l'effort de coordination et d'harmonisation. En fait, il y a d'innombrables raisons, mais à moins que ce ne soit un accident violent, c'est surtout cette volonté de maintenir la cohésion qui abdique pour une raison ou pour une autre, ou sans raison. C'est ce qui précède inévitablement la mort.

 

Chaque cellule doit être consciente de son unité avec le centre?

 

Ce n'est pas comme cela. C'est encore une conscience semi-collective, ce n'est pas une conscience individuelle des cellules.

 

 

Est-ce que la décentralisation se fait toujours après la mort, ou peut-elle commencer avant ?

 

Elle commence souvent avant.

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Les cellules se dispersent-elles dans l'espace ou dans le corps même? Si c'est dans l'espace, le corps doit disparaître avec les cellules ?

 

Naturellement, le corps se dissout après la mort, mais cela prend longtemps.

 

 

Dans l'expression "dispersion des cellules", le mot dispersion n'a-t-il pas un sens particulier ? Dans ce cas, lequel?

J'ai employé le mot dispersion des cellules dans son sens tout à fait positif.

Quand la concentration qui forme le corps est arrêtée et que le corps se dissout, toutes les cellules qui ont été particulièrement développées et qui sont devenues conscientes de la Présence divine au-dedans d'elles, se répandent et entrent dans d'autres combinaisons où elles éveillent, par contagion, la conscience de la Présence que chacune a eue. Et ainsi, c'est par ce phénomène de concentration, de développement et de dispersion, que toute la matière évolue et apprend par contagion, se développe par contagion, a l'expérience par contagion.

Naturellement, la cellule se dissout avec le corps. C'est la conscience des cellules qui pénètre dans d'autres combinaisons.

5 juin 1968

 

Quand la volonté de l'être physique abdique sans raisons, est-ce sans raisons physiques, ou sans raisons du tout ?

 

La conscience physique n'est consciente que physiquement; alors, la volonté de l'être physique peut abdiquer sans raison dont elle soit consciente.  

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D'où vient le dégoût de l'être physique de continuer l'effort de coordination et d'harmonisation ?

 

Généralement, ce dégoût se produit quand il y a dans une partie de l'être (une partie importante, ou vitale ou mentale), un refus absolu de progrès. Et alors, physiquement, cela se traduit par un refus de faire effort contre la détérioration qui vient du temps.

 

Où se fait la liaison entre la volonté centrale de l'être physique et les cellules ? Comment se fait-elle ?

 

Les cellules ont une composition ou une structure intérieure correspondant à la structure de l'univers. Alors, le rapport se fait entre les états identiques extérieurs et intérieurs... Ce n'est pas "extérieur", mais c'est extérieur pour l'individu. C'est-à-dire que la cellule, dans sa composition interne, reçoit la vibration de l'état correspondant dans la composition totale. Chaque cellule est composée de différentes radiances, avec un centre tout à fait lumineux, et la connexion se fait de lumière à lumière. C'est-à-dire que la volonté, la lumière centrale, agit sur la cellule en touchant les lumières correspondantes, par un contact intérieur de l'être. Chaque cellule est un monde en miniature correspondant au tout.

15 juillet 1968

 

Est-ce que la volonté de progrès suffit pour empêcher la détérioration qui vient du temps ? Comment l'être physique peut-il empêcher cette détérioration ?

 

C'est justement cela, la transformation du corps : c'est que les cellules physiques deviennent non seulement conscientes, mais réceptives à la Force-Conscience vraie; c'est-à-dire qu'elles admettent le travail de cette Conscience supérieure. C'est cela, le travail de transformation.

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Comment la volonté, la lumière centrale, qui n'est pas matérielle, agit-elle sur la matière grossière de la cellule?

 

C'est exactement comme de demander : "Comment la volonté agit-elle sur la matière ?" Toute la vie est comme cela. Il faudrait expliquer à ces enfants que toute leur existence est le résultat de l'action de la volonté; que sans la volonté, la matière serait inerte et immobile, et que c'est justement le fait que la vibration de la volonté a une action sur la matière, qui permet la vie ; autrement, il n'y aurait pas de vie. S'ils veulent une réponse scientifique et savoir le comment, c'est plus difficile, mais le fait est là, c'est un fait qui se voit à chaque seconde.

20 juillet 1968

 

Comment devient-on conscient de l'être physique ?

 

L'humanité, presque dans sa totalité, n'est consciente que de l'être physique. Avec l'éducation, le nombre des hommes conscients de leur vital et de leur mental va en augmentant. Quant aux êtres humains conscients de leur être psychique, leur nombre est relativement minime.

Si vous voulez dire : "Comment éveille-t-on la conscience de l'être physique ?", c'est justement le but de l'éducation physique. C'est l'éducation physique qui apprend aux cellules à être conscientes. Mais pour développer le cerveau, c'est l'étude, l'observation, l'éducation intelligente ; surtout, l'observation et le raisonnement. Et naturellement, pour toute l'éducation de la conscience au point de vue du caractère, c'est le yoga.

 

La volonté centrale de l'être physique a-t-elle un siège particulier dans le corps ?

 

C'est le cerveau.

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Peut-on avoir l'expérience de la mort sans mourir ?

 

C'est sûr. On peut avoir yoguiquement l'expérience de la mort ; on peut même l'avoir matériellement, si la mort est assez courte pour que les docteurs n'aient pas le temps de vous déclarer mort.

 

Après la mort, quelle est la partie de l'être qui se rend compte qu'on est mort ?

 

N'importe laquelle des parties de l'être qui survit, se rend compte que le corps n'est plus là. Cela dépend.

 

Comment peut-on dire avec certitude que le corps physique est mort ?

 

Seulement quand il se décompose.

 

Comment contrôler ou empêcher le processus de désintégration ?

 

En ayant soin de garder l'équilibre physique.

 

Lorsqu'on meurt, sent-on nécessairement une douleur physique ?

 

Pas nécessairement.

28 septembre 1968

 

Que faut-il faire, dans notre vie quotidienne, pour arrêter le processus de la mort ?

 

Le procédé est de détacher du corps sa conscience et de la concentrer sur la vie profonde, de façon à amener cette conscience profonde dans le corps.

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Si le sens du "moi" s'est identifié plutôt au mental dans la vie, est-ce que c'est le même sens du "moi" qui a toutes les expériences après la mort; c'est-à-dire gardant en même temps les souvenirs de la vie ? Je demande cela pour le mental, car il reste formé un peu plus longtemps que les autres parties après la mort.

 

Ce n'est pas vrai que le mental soit plus durable. La conscience psychique qui s'est identifiée à la petite portion du physique, sort de cette petite personne physique. Dans la mesure où cette conscience a façonné la vie, elle se souvient de ce qu'elle a façonné, et le souvenir est étroitement lié à la conscience psychique dans les événements ; là où la conscience psychique n'a pas participé aux événements, il n'y a pas de souvenir. Et c'est seulement la conscience psychique qui peut continuer ; ce n'est pas le mental qui garde les souvenirs, c'est tout à fait une erreur.

1er février 1969

 

(Quelques jours plus tard, au cours d'un entretien avec le professeur à propos de cette étude, la Mère dit, en manière de conclusion :)

 

En fait, il n'y a pas de mort.

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